Trois pas en arrière - L’édito JUSTICE du 14 avril 2021

Si elle se proclame Championne de la Terre et du climat, si elle prétend être le 4e pays le plus vert au monde (sic), la France d’Emmanuel Macron ne fait pas que procrastiner en matière climatique : elle recule.

Elle recule par exemple, lorsqu’elle ne tire des propositions des 150 de la Convention Citoyenne pour le Climat, qu’un projet de loi inapte à tenir les objectifs aujourd’hui fixés dans la loi française : une réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Rien dans ce texte n’est à la hauteur. Ni la rénovation thermique ni la mutation du modèle agricole. Ni l’artificialisation des sols, ni l’absence de réelle reconnaissance du crime d’écocide. Sans même parler du refus d’encadrer l’action des entreprises et des banques pour les contraindre à respecter à leur tour l’Accord de Paris. Malgré la victoire dans les tribunaux des organisations porteuses de l’Affaire du siècle, condamnant l’inaction climatique du gouvernement, celui-ci demeure aux abonnés absents. 

La France macroniste recule encore, lorsque plutôt que de protéger les libertés fondamentales, le Préfet de Paris décide d’interdire à Camille Etienne, et ses camarades qui réclament une vraie loi climat, de se mobiliser devant l’Assemblée nationale. Fort heureusement, le tribunal administratif de Paris, saisi notamment par Notre affaire à tous, a suspendu l’arrêté préfectoral interdisant de manifester pour notre droit à un avenir !

La France macroniste recule enfin, et enjoint l’Europe à la suivre dans cette funeste reculade, lorsqu’à Bruxelles, Emmanuel Macron et les élu.e.s de sa majorité politique au Parlement européen retournent leur veste. Après avoir soutenu publiquement et avec force un objectif européen réhaussé à au moins 55% de réduction d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (et même 60% au Parlement européen), LREM demande désormais l’arrêt des négociations autour de l’objectif de 52,8%. En violation pleine et entière de nos engagements internationaux, et de la responsabilité des dirigeant.e.s de préserver notre droit à un environnement sain.

En pleines négociations sur ce qui doit relever ou non des « activités vertes » et susceptibles d’être fléchées comme telles dans la « taxonomie » européenne à naître, le pouvoir macroniste abandonne tout principe en s’alliant avec le régime autoritaire de Viktor Orban pour demander à estampiller d’un vert douteux le gaz fossile, en échange d’un soutien au déploiement du nucléaire français. Le nucléaire vaut bien une messe avec le diable.

La France, qui aime à se présenter comme « le pays des droits de l’homme » a su relever nombre des défis qui se sont posés à elle tout au long de son histoire. Elle doit désormais faire face à l’urgence climatique. Notre République qui aime tant parler haut et faire résonner une parole Bleu-blanc-rouge dans le monde entier doit se souvenir qu’elle est la nation qui porta sur les fonds baptismaux l’Accord de Paris. Elle doit impérativement aujourd’hui prendre le chemin résolu de la lutte contre le dérèglement climatique. Tout recul est criminel. Il n’y a pas d’issue dans le productivisme, les énergies fossiles, les industries destructrices du « monde d’avant ». La seule voie est l’écologie.

Il est temps de comprendre que les lois de l’économie ne sont pas au-dessus des lois de la nature. Continuer la course vers une croissance infinie dans un monde fini c’est poursuivre un leurre qui conduit au naufrage.

C’est simple, pour sauver le climat, nous avons besoin de tout changer : notre économie, nos lois, notre société. C’était l’objet de la Convention Citoyenne pour le Climat. C’était également la requête des millions de signataires portant l’Affaire du siècle à la victoire en justice. Et cela la demeure la mission historique des écologistes qui militent pour une République écologique et un Traité environnemental européen qui ferait force de loi commune.

À celles et ceux qui espèrent que la vague écologiste refluera comme elle est venue, nous avons l’obligation d’annoncer une nouvelle qui les inquiétera, mais résonnera positivement aux oreilles des milliards de personnes dont l’existence dépend de la capacité de l’humanité à enrayer la catastrophe. Nous ne baisserons pas les bras. Nous saurons imaginer les stratégies et construire les alliances nécessaires à la victoire de nos idées. Pour une raison simple : nous n’avons pas le droit de perdre.

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Trois questions à… Elise Thiébaut - Newsletter du 14 avril 2023

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