TROIS QUESTIONS À... Sian Owen, de Deep Sea Conservation Coalition

Vous vous opposez à l'exploitation minière en eau profonde : pourquoi ?

Les eaux profondes - l'ensemble de l'océan situé à plus de 200 mètres de profondeur - représentent 95 % de l'espace vital de notre planète. Toute la vie sur Terre en dépend. Les scientifiques pensent que jusqu'à dix millions d'espèces pourraient habiter les grands fonds - une biodiversité aussi riche que celle des forêts tropicales humides. À l'heure où les crises du changement climatique, de la perte de biodiversité et de la santé humaine convergent, il est insensé d'ouvrir à l’extraction l'une de nos dernières régions sauvages. C’est en outre incompatible avec les engagements pris en faveur de la protection de l'environnement et du développement durable.

 

Pourquoi l'exploitation minière des fonds marins suscite-t-elle un tel intérêt économique ? 

Cet intérêt est surtout spéculatif et repose sur les prévisions d'augmentation de la demande de métaux et minerais rares pour soutenir le processus de décarbonisation. Certaines personnes sont même déjà devenues très riches sans extraire un seul gramme de métal ! Mais à la vieille mentalité extractive du XXe siècle, nous préférons le développement d’alternatives, le recyclage et la sobriété.


Le sommet One Ocean s'est tenu à la fin de la semaine dernière : quelles conclusions devons-nous tirer ?

Tout au long des discussions et des mobilisations à Brest la semaine dernière, il est apparu qu'il n'y a pas vraiment d’engouement social pour l’ouverture des fonds marins à l'exploitation minière. Au contraire, plus les gens en apprennent à ce sujet, plus ils - scientifiques, groupes d'utilisateurs de l'océan, entreprises et communautés - disent "non". L'exploitation minière en haute mer ne figurait pas à l'ordre du jour officiel du Sommet, mais elle a fait les gros titres et occupé une grosse partie du temps d'antenne. La position du gouvernement français actuel sur le sujet a été à la fois hypocrite et ambiguë. La France est aujourd'hui à la pointe des pays qui cherchent à accélérer l'ouverture des grands fonds marins à l'exploitation minière.

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