COMMUNIQUÉ : L’écologie : la grande sacrifiée du discours d’Ursula Von Der Leyen sur l’état de l’Union

Ce mercredi 13 septembre, la Présidente de la Commission Ursula Von Der Leyen a prononcé son dernier discours sur l’état de l’Union de la mandature. Alors que le nouveau régime climatique frappe le continent et bouleverse l’ensemble des états du monde, la Présidente de la Commission a maintenu le flou sur sa volonté de mener le Pacte vert à son terme. Elle semble par ailleurs insensible à l’explosion de la pauvreté sur le continent.

 

La Présidente de la Commission européenne avait fait du Pacte vert le cœur de son programme politique de la mandature. Lors de son dernier discours sur l’état de l’Union, elle est restée silencieuse quant à son intention de le mener à bien, quand seules 40% des législations annoncées ont été adoptées.

La droite européenne a déclaré la guerre à la nature. Avant l’été, après avoir appelé à un moratoire sur le Pacte Vert, le Parti Populaire Européen avait mené une bataille farouche contre la loi sur la restauration de la nature, nouant pour cela une alliance mortifère avec l’extrême-droite. La présidente du Parlement Roberta Metsola, jusqu’alors restée discrète, a ajouté à la pression la semaine passée en prétendant que les politiques climatiques alimentent le populisme en Europe. La Présidente de la Commission, qui ne s’est pas encore exprimé sur la question, entretenait des doutes qui semblent désormais levés.

La nomination du néerlandais Wopke Hoekstra, un ancien de Shell et de McKinsey, deux mois avant la COP28, comme Commissaire à l’action climatique, constituait déjà une alerte quant à la capacité de la Commission européenne de sortir l’Union des énergies fossiles.

Le discours sur l’état de l’union d’Ursula Von Der Leyen confirme l’infléchissement de la Présidente : sans un mot pour les 60% de textes encore dus sous l’égide du Pacte Vert, elle s’est contentée d’annoncer une enquête sur les pratiques de la Chine en matière de construction de véhicules électriques. S’étendant sur la beauté des écosystèmes européens, des forêts à la mer de Wadden, elle a maintenu avec brio un silence appuyé quant à sa position sur la restauration de la nature.

 

Selon Marie Toussaint, eurodéputée écologiste : « Je salue la volonté d’Ursula Von Der Leyen de faire avancer encore les droits des femmes et de relancer une dynamique de dialogue social en Europe. Pour les écologistes, le débat démocratique avec l’ensemble des parties prenantes de la société sera toujours la bonne et l’unique manière de transformer les politiques.

Sécheresses, inondations, tornades et feux de forêt : selon les mots du Secrétaire général des Nations-Unies lui-même, l’effondrement climatique a commencé. Ce qui devrait pousser les leaders responsables du monde non pas à suspendre l’action, mais à l’accélérer. Non pas à déployer multitudes de nouveaux “dialogues” mais à agir.

 

Seulement, face au nouveau régime climatique, Ursula Von Der Leyen a mis de côté son tablier de Présidente pour enfiler celui de candidate du Parti Populaire Européen en vue de la prochaine mandature. 

La Présidente de la Commission n’ a évoqué ni la loi sur la restauration de la nature, ni les législations à venir pour réduire l’usage des pesticides, sur les nouveaux OGMs, les semences, systèmes alimentaires durables ou encore le bien-être animal. Rien non plus sur l’urgente révision de REACH devant protéger les citoyens des produits chimiques, ou les législations visant l’interdiction d’exportation des produits toxiques dont nous avons interdit la consommation sur le territoire européen. A la place, un engagement renouvelé en faveur des accords de libre-échange, dont celui sur le MERCOSUR annoncé pour la fin de l’année et qui aura des impacts dévastateurs tant sur la biodiversité que sur les droits humains ou les éleveurs européens.

Son silence sur la pauvreté et la violation des droits humains relève d’une véritable déconnexion avec le réel. Si ses pensées sont tout entières tournées vers l’industrie et les PME, auxquelles elle a annoncé une exonération des règles pourtant tout juste adoptées sur la gouvernance des entreprises, elle a manifestement oublié son engagement de “ne laisser personne de côté”. 200 000 enfants sont aujourd’hui en risque de pauvreté sur le continent. La précarité s’accroît. Et plus de 2 000 personnes ont perdu la vie en Méditerranée depuis le début de l’année. Mais nul engagement n’est pris, ni dans le cadre des négociations budgétaires, ni dans celui de la révision du Pacte de stabilité et de croissance, pour permettre l’investissement dans la transition écologique et la lutte contre pauvreté et inégalités.

Alors quand la Présidente de la Commission réaffirme son intention de modifier les Traités, je lui dis chiche : inscrivons-y enfin la nécessité de la protection climatique et environnementale, du retour aux limites planétaires et de la reconnaissance des droits de la nature. Rendons enfin contraignant le Socle des droits sociaux de l’Union européenne. Parce que la bataille pour la justice et le vivant doit être le cœur de la construction du projet européen.

Vous trouverez toujours les écologistes pour mener la bataille face à l’extrême-droite, ainsi qu’aux droites prêtes à sacrifier la vie humaine sur Terre. ».

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