Trois questions à… Benoit Biteau, paysan et eurodéputé

Paysan agronome et député européen, Benoît Biteau porte depuis des années le combat contre les méga-bassines et l’accaparement de l’eau. Il nous parle aujourd’hui du procès où neuf militants écologistes manifestants de Sainte-Soline sont attendus devant le tribunal correctionnel de Niort ce 8 septembre.

 

Quel est l’enjeu du procès qui se tient vendredi à Niort ?

C’est un procès politique. Il s’agit de désobéissance civile que l’on criminalise. Bien sûr quand on choisit ce mode d’action on sait que cela peut se terminer en justice. José Bové est allé deux fois en prison pour pour avoir fauché des OGM ou démonté un McDo, donc on est conscients des risques. Le problème c’est qu’ici on cherche à faire passer des défenseurs de l’environnement pour des terroristes alors qu’on est sur des actions purement symboliques et que, contrairement à ce que dit le gouvernement, il n’y a pas eu de violences. Il faut aussi se demander pourquoi on en arrive à la désobéissance civile… Si on en est là c’est qu’on a gagné tous nos recours en justice, que la communauté scientifique nous donne raison, que la société civile ne veut pas des bassines, mais que le pouvoir tente de passer en force. La désobéissance civile est la seule voie qui nous reste.

 

Qu’espérez vous qu’il sorte de ce procès ?

J’espère que les militants écologistes qui portent un combat pour le partage de l’eau seront réhabilités. On les a peints en terroristes alors qu’ils se battent pour l’intérêt général et les générations futures.

 

Peut-on espérer un moratoire sur les méga-bassines ?

Il faut toujours espérer… mais ce n’est pas ce qui se dessine notamment si l’on regarde la dernière provocation de l’Etat : deux jours seulement après l’arrivée à Paris du Convoi de l’eau - qui a montré combien les citoyen·nes étaient mobilisé·es pour le partage de l’eau - on a appris le démarrage du chantier de la méga-bassine de Priaires. C’est un passage en force irresponsable mais l’Etat est de plus en plus isolé dans son dogmatisme. Le Comité de bassin (parlement de l'eau de l'Agence de l'eau Loire-Bretagne), a engagé une démarche de concertation et demande une suspension des travaux. Les mouches sont en train de changer d'âne comme on dit chez nous.

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