Le devoir d’espérance - Mes voeux pour 2022

Chères et chers toutes et tous,

Cette semaine, pas de nouvelles du bout du monde. Non, je tenais d’abord et avant tout à vous souhaiter, à nous souhaiter, un « nous » planétaire, où humains et non-humains trouvent leur place, une belle et merveilleuse année pour 2022 !

Pour l’heure, l’inquiétude est palpable. La pandémie dure. Et ce « hantement du monde », selon la formule de Gil Bartholeyns, nous rappelle chaque jour la fragilité de nos sociétés, de nos vies et de notre santé, mais aussi celle du vivant, de l’idée d’une parfaite maîtrise du monde par l’humain et sa science, et même du capitalisme. L’accélération du dérèglement climatique et de la disparition des espèces n’a d’égale que la cécité de celles et surtout de ceux qui prétendent agir, tout en continuant d’alimenter un système destructeur. Les inégalités sociales et l’isolement ont été revigorés par la pandémie. Mais comme la regrettée Geneviève Anthonioz de Gaulle, je nous invite à garder l’irrépressible désir de marcher sur le « chemin de l’espérance ».

Car l’espoir est bien là, vissé dans de multiples initiatives partout à travers le monde, qui tissent et dessinent un nouvel horizon. Certes l’on entend encore, à droite comme malheureusement à gauche, des appels à la conquête (des terres, des mers, ou de l’espace). Mais nous arrachons des victoires, pour un climat stable, pour la justice envers les mineurs ou les ouvrières et ouvriers exposé·es à l’amiante, contre l’enfouissement des déchets toxiques à Stocamine. Mieux encore, nous faisons émerger des combats. Citons-en quelques-uns : celui de la reconnaissance de l’écocide - dont le chlordécone en Guadeloupe et en Martinique -, celui des droits du vivant, notamment dans nos villes : Tours, Arcueil, Lyon entre autres, ou encore celui de la justice environnementale. Les murs se fissurent. Les cris des femmes pour l’égalité viennent ébranler le modèle patriarcal. Ceux des gays, des lesbiennes, des trans et des queers, clament le droit à être soi-même et à être respecté·e. Des entreprises pétro-gazières commencent à être condamnées en justice... La pensée selon laquelle nous devons au vivant -aux animaux, aux végétaux, aux minéraux ou encore à l’eau- la déférence qu’il mérite, prend peu à peu place dans les médias et l’opinion publique après plusieurs siècles où l’on vanta « l’Homme maître de la nature ».

Chaque jour, nous tissons de nouveaux liens, à travers la planète, pour refuser l’oppression. Je veux croire ces avancées structurelles et profondes. Je vous souhaite, je nous souhaite, de les nourrir, de les faire grandir, dans le soin les unes et les uns des autres.

En ce début 2022, je tiens aussi à exprimer un souhait : que nous fassions ensemble de la lutte contre la misère une priorité majeure. Les pensées les plus progressistes, les plus écologistes, les plus révolutionnaires, oublient encore trop souvent que l’on ne mesure l’avancée d’une société qu’à la manière dont l’on traite les plus démuni·es. Les contributions des personnes les plus pauvres sont pourtant indispensables à la construction d’un monde de paix et de justice. Nous devons, chaque jour, nous souvenir que nous avons beaucoup à en apprendre et que construire ensemble ce que sera demain, est le plus puissant - et peut-être le seul - levier de l'alternative.

À chacune et chacun, mes meilleurs voeux.

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