COMMUNIQUÉ - GIEC : La crise climatique est une crise de civilisation

Le GIEC publie aujourd’hui son sixième rapport de synthèse, venant clôturer une session de 8 ans de travail qui a permis d’aborder tout aussi bien les mécanismes du dérèglement climatique que ses conséquences, les solutions pour y remédier et l’étendue du travail à accomplir pour s’y adapter.

Une crise mortelle pour l'humanité

Et le message est clair : la crise climatique est abyssale et d’une gravité mortelle pour l’Humanité, comme pour de nombreuses autres espèces. Celui-ci d’ailleurs s’accélère, malgré les grands discours et les accords internationaux. Si nous persistons sur la trajectoire actuelle, le réchauffement climatique pourrait atteindre les +3,5°C. Nous devrions d’ailleurs avoir atteint les 1,5°C inscrits dans l’Accord de Paris avant 2040 !

Et que les choses soient claires : à 2°C déjà, la vie disparaît. Ainsi en va-t-il dans les océans, puisque 99% des récifs coralliens qui accueillent un quart de la vie marine devraient disparaître. Sur terre, 40% des êtres humains vivant au bord des mers et océans pourraient voir leurs habitats disparaître, quand 75% d’entre nous seront confrontés chaque année à des vagues de chaleur mortelles. L’action, sans cesse retardée, est urgente ; c’est d’ailleurs ce que rappellent avec constance les tribunaux des états du monde dans lesquels ont été portées des actions en justice climatique... C’est la raison pour laquelle les propos du Ministre de l’écologie Christophe Béchu évoquant la nécessité de se préparer à un monde à +4° est non seulement d’une bêtise crasse, mais aussi criminel puisqu’il s’agit là purement et simplement d’une démission de la part de la 7e puissance économique mondiale.

Sortir des fossiles

Seulement voilà, si nous voulons nous donner une chance de préserver le climat -ce qui est encore possible selon le GIEC, il faut se libérer d’une addiction mortelle. La sortie des énergies fossiles n’est pas négociable : c’est un impératif de survie. À cet égard, la synthèse du GIEC devrait mobiliser la communauté internationale, et en particulier les États-Unis et l’Europe qui aiment se prétendre grands défenseurs du climat : la prochaine COP sur le climat ne peut être présidée par Al Jaber, dirigeant de la major pétrolière Abu Dabhi Oil National Company, quelque soit sa prétention à engager son entreprise dans la lutte contre le dérèglement climatique. Ce serait comme demander à un dealer de diriger les politiques de lutte contre la toxicomanie. La réalité, c’est qu’il faut cesser immédiatement d’ouvrir de nouveaux puits d’exploitation pétrolière et gazière, et prévoir la fermeture anticipée d’établissements.

 

Respecter les limites planétaires et combattre l'effondrement de la biodiversité

Mais le GIEC nous rappelle également un élément central : l’effort des sociétés pour lutter contre le dérèglement climatique ne peut se contenter de lutter contre le CO2. Sortir du carbone ne suffit pas. Si l’on ne veut pas que le vivant s’effondre, il faut respecter l’ensemble des limites planétaires. Le GIEC nous appelle ainsi à protéger la biodiversité et à renforcer la protection 30 à 50% des écosystèmes, dont les océans (de menaces comme celles de la surpêche ou de l’extraction minière en eaux profondes), les glaciers et les forêts, ou encore les sols aujourd’hui menacés par la prolifération des toxiques et la nouvelle ruée extractiviste vers les matériaux critiques et métaux rares...

Combattre les inégalités

Pour finir, le GIEC ne peut être plus clair : 16% des plus riches sont responsables de 40% des émissions de gaz à effet et les plus vulnérables seront les premiers impactés par le réchauffement global -en premier lieu desquels évidemment : les femmes. De quoi remettre sur la table l’enjeu de la justice climatique.

Ré-encastrer l’économie dans les limites planétaires, sortir des fossiles et des toxiques, réduire notre empreinte matérielle en garantissant une sobriété juste, réapprendre que l’humain doit faire corps avec le vivant : voilà les orientations qui sauvent et forgent en réalité les fondamentaux d’une politique de civilisation, seules capables de faire face à l’urgence climatique.

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