COMMUNIQUÉ : Dernière plénière du Parlement européen : ultime offensive des droites contre le Green Deal

L’extrême droite, la droite, les libéraux et jusqu’au groupe socialiste ont pris d’assaut cette dernière séance plénière du mandat européen 2019-2024 pour y lancer une ultime offensive contre le Green Deal, attaqué depuis des mois. Malgré ces attaques, les écologistes devraient entériner des victoires importantes pour le climat et la justice sociale.


Pour Marie Toussaint, eurodéputée écologiste : “Le premier terrain d’attaque contre le Green Deal est l’agriculture. La majorité parlementaire (conservateurs, libéraux et socialistes) ont obtenu début avril la réouverture de la Politique Agricole Commune, votée il y a à peine 4 ans, pour y supprimer des règles de conditionnalités environnementales. Ils instrumentalisent la crise agricole pour supprimer toujours plus de normes environnementales, sans s’attaquer au cœur du problème : le revenu des paysans et leur protection. Nous nous y opposerons, comme nous nous opposerons à nouveau à la dérégulation de nouveaux OGM, votée mercredi. Faute d'accord entre les États membres, le vote consistera à clore la première lecture du texte et entériner la position du Parlement européen. Cette version exempte les “nouvelles techniques génomiques” d'un certain nombre de règles d’évaluation des risques s’appliquant aux autres OGM et instaure des procédures d'autorisation qui tournent le dos à la science. En particulier, des plantes productrices de pesticides pourront être autorisées sans véritable examen scientifique au sein de la catégorie 1. Malgré des améliorations obtenues par les écologistes sur l'étiquetage et la traçabilité, le texte ouvre grand la porte à des organismes génétiquement modifiés sans respect du principe de précaution qui, doit on le préciser, suppose que les industriels prouvent l'innocuité de leurs produits avant de les mettre sur le marché. A l'heure des grands scandales sanitaires, ce texte est pour nous inacceptable : une dérégulation contre le vivant, les consommateurs et l’autonomie des paysans soutenue par toutes les droites européennes.

Sur le terrain économique également, les attaques anti-écologistes pleuvent. Le “Net Zéro Industry Act”, qui sera voté mardi, devait impulser la transformation profonde de l’industrie européenne en favorisant les énergies renouvelables. Le texte mis au vote, outre mettre dans le même sac des technologies à l'efficacité non éprouvée et les renouvelables, aura pour effet un recul sans précédent de la démocratie environnementale. Avec son texte frère, le Critical Raw Materials Act, le texte allège les procédures d'étude d'impact environnemental et de consultation du public, prétextant le besoin d'installation rapide tant de mines que de nouvelles usines, y compris dans les aires naturelles terrestres et marines protégées. La majorité politique tourne le dos aux populations vivant sur les territoires concernés, et cède à l'argument des pires lobbies en créant une instance d'examen des “charges” reposant sur les porteurs de projet.

Le Parlement votera également cette semaine le retour des règles d’austérité budgétaire, suspendues pendant la crise COVID. Nous avions là l’opportunité de réformer ces règles pour permettre les investissements dont nous avons besoin pour la transition écologique, pour nos services publics, pour la transformation et la relocalisation de notre économie. Mais une nouvelle fois, la coalition du statu quo, conservateurs, libéraux et socialistes, soutient le retour quasi identique à ces règles qui entravent toute capacité d'investissement malgré les besoins massifs (245 milliards d'argent public par an pour respecter nos objectifs climatiques  selon l'étude Net Zéro de l'institut Rousseau). En somme : la majorité du statu quo reste enfermée dans une naïve orthodoxie budgétaire, misant sur la dérégulation pour opérer la transition au détriment du vivant et de la justice quand nous aurions au contraire besoin de réorienter en profondeur notre économie.

Heureusement, tout n’est pas perdu. Nous devrions entériner cette semaine des victoires importantes arrachées pendant le mandat grâce à la ténacité des écologistes : l’adoption d’une directive sur le devoir de vigilance qui, bien qu’en dessous de nos ambitions initiales, mettra enfin les entreprises européennes face à leurs responsabilités sociales et environnementales dans l’UE et à l’étranger. L’adoption définitive d’un règlement interdisant les produits issus du travail forcé sur le marché de l'Union, et celui sur les travailleurs des plateformes ; textes portés par mon collègue Mounir Satouri. Le vote final sur la sortie de l’Union européenne du Traité sur la Charte de l’énergie, une victoire importante contre les fossiles ; ou encore l’adoption de textes ambitieux sur l’écoconception et le droit à la réparation, dans lesquels David Cormand a arraché des victoires écologistes sur la mise en place d'un passeport numérique sur les produits manufacturés, la reconnaissance de l'obsolescence prématurée ou encore l'interdiction de la destruction des invendus textiles.

Nous voterons également plusieurs textes importants sur la qualité de l’air, les emballages plastiques, et les pollutions aux granulés plastiques. Sur chacun de ces textes, les écologistes se sont battus pour défendre le vivant et la justice sociale. Enfin, le groupe des Verts/ALE soumettra aujourd’hui un nouveau point à l’ordre du jour : une résolution sur la responsabilité des entreprises fossiles dans la crise du coût de la vie, résolution qui n’a pas été soutenue par les groupes Renew et PPE en commission parlementaire. Jusqu’au bout, nous continuons le combat pour la justice, le climat et la paix.”

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