Vers un Accord de Paris pour la nature ?

La Conférence des Nations Unies sur la Biodiversité, ou COP15, s’est ouverte ce mercredi à Montréal, dans la confidentialité... Pourtant les enjeux sont immenses.

Au rythme actuel, un million des huit millions d’espèces vivantes sur Terre pourraient disparaître. 70% des animaux sauvages ont disparu pendant les 50 dernières années. Nous vivons, selon les scientifiques, la sixième extinction de masse. La cinquième étant celle qui a vu la des dinosaures... Selon l'IPBES (instance internationale réunissant des scientifiques experts de la biodiversité), 75% de l'environnement terrestre et 66% du milieu marin ont été modifiés de façon significative par l'espèce humaine. Agir pour le vivant est une urgence extrême.

À Montréal, l’objectif est d’adopter un nouveau cadre mondial pour la biodiversité pour 2030, une sorte d’Accord de Paris de la biodiversité.

En 2010, les États du monde réunis au Japon s’étaient déjà fixés des objectifs de protection de la biodiversité d’ici 2020. Mais depuis, aucun n’a été atteint. Pour cause: la destruction des habitats, via l'artificialisation des sols ou la déforestation, s'est poursuivie ; la surexploitation des espèces également ; ainsi que l'usage de produits toxiques comme les pesticides qui constituent un véritable danger pour le vivant ; ou encore le dérèglement climatique qui fait peser des menaces croissantes sur le non-humains, à l'instar de la dévastation que provoque la sécheresse actuelle au Kenya sur les animaux...

L’enjeu pour cette COP15 va donc être non seulement de fixer de nouveaux objectifs ambitieux, mais d’y adosser cette fois des plans de mise en œuvre précis, avec des calendriers d’action. Et si possible, de mettre un coup d'arrêt aux activités qui détruisent le vivant ! Tout un programme.

Pour protéger le vivant, les états discutent actuellement et entre autres d'un objectif de protection de 30% des terres, eaux douces et océans d’ici 2030.

Un objectif crucial. Mais les espaces terrestres sont habités, par des populations qui protègent parfois depuis la nuit des temps les écosystèmes qu'ils habitent. Ainsi en va-t-il par exemple des peuples autochtones, dont les terres regroupent un tiers de la planète et 80% de la biodiversité restante ! Nous le disons clairement: la préservation de la nature ne peut mener à l'exclusion, expulsion ou la négation des droits des populations! Droits du vivant et droits humains sont indissociables.

Autre obstacle: la préservation des 70% restants... Or, et comme souvent en régime capitaliste, le risque est grand que plutôt que de prendre des mesures réglementaires empêchant cette préservation, les États ne financiarisent les écosystèmes en créant un nouveau marché mondial spécifique qui permettrait aux entreprises ou aux destructeurs de continuer à le faire, tout en achetant (ailleurs, et surtout à qui?) des espaces riches en biodiversité pour "compenser" les dommages qu'ils auront causé. Je vous en dirai plus sur cette bataille des droits contre le marché, mais retrouvez d'ores et déjà la tribune que je co-signe avec Philippe Lamberts et Olivier de Schutter...

Bref, il y a énormément à faire à Montréal, et il faudra suivre avec attention les négociations des prochains jours, malgré une mobilisation politique toute relative des Etats... Je vous en reparle la semaine prochaine !

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