Trois questions à... Léa Lejeune, autrice de “Féminisme washing”

Autrice et présidente de Prenons la Une, association de femmes journalistes pour la parité dans les médias et l'égalité dans les rédactions, Léa Lejeune vient de publier l'essai Féminisme Washing.

Vous parlez de "féminisme washing"? C’est le détournement du féminisme à d’autres fins ?

Aujourd'hui, 58% des Français se disent féministes, et même 77% des jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans. Les marques ont bien compris qu'il s'agit là d'une aubaine ou d'une tendance à suivre. Le féminisme washing c'est un ensemble de pratiques de communication et de marketing utilisées par les entreprises et organisations pour faire croire qu'elles sont féministes et en défendent les valeurs, alors qu'en fait elles n'ont pas réfléchi à la question, repensé leur production, voire maltraitent les femmes salariées en interne.

Pouvez-nous nous donner quelques exemples concrets?

Dans le livre, j'essaie d'abord de proposer des cas concrets qui nous concernent en tant que consommatrices : les T-shirts à messages comme celui-ci de Dior "We should all be feminists" vendus à 620 euros et excluant pour la majorité des femmes, les objets à l'effigie de la peintre Frida Kahlo sur lesquels une multinationale, la FKC, touche des royalties à chaque fois. Mais je pointe aussi les entreprises qui se disent féministes - à tort - pour attirer les talents comme la BNP Paribas, McDonald's, IBM, Amazon Web Services, etc.

A la fin de votre livre, vous proposez des actions de rébellion…

Ma conclusion est un "manuel de rébellion à l'usage des consommatrices qui veulent changer les entreprises" qui leur propose de pratiquer le "buycott", c'est-à-dire d'orienter leurs achats vers les entreprises qui respectent les femmes, de vérifier la véracité des informations communiquées, de les interpeller sur les réseaux sociaux en cherchant l'appui des politiques et des influenceurs. Il faut dépasser la sphère militante pour leur faire peur et les pousser à changer.

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