Trois questions à... Titiou Lecoq, journaliste et autrice de "Les grandes oubliées"

Vous écrivez que les femmes ont été effacées de l’histoire, ce qui signifie en creux qu’elles l’ont aussi faite: on nous aurait menti ?

Peut-être pas intentionnellement, mais en travaillant sur ce livre, j’ai découvert qu’on nous avait enseigné des choses fausses. Il faut dire que l’histoire est une matière vivante et qu’on continue à faire beaucoup de découvertes. Pendant longtemps, on a cru au mythe de la femme empêchée, les femmes occupées à la maison avec les enfants n’auraient pas pu agir. Cela, c’est faux. Elles ont créé, découvert, dirigé, et surtout se sont toujours révoltées.

 

Si finalement le patriarcat ne vient pas du fond des âges qu’est-ce qui s’est passé et par quel processus les femmes ont-elles été rejetées dans ce que vous appelez « l’oublioir » ?

Il y a plusieurs mécanismes. Par exemple, les femmes artistes ont été délibérément effacées parce que des œuvres de femmes étaient forcément oubliables. Mais concernant le reste de l’histoire, c’est le XIXème siècle qui est fatal. A l’époque on pense que la place biologique des femmes est à la maison. Et puisque c’est naturel, cela a toujours été comme ça. On a donc écrit l’Histoire à partir de ce présupposé.

 

Comment éviter que cet effacement perdure ad vitam aeternam dans l’éducation  ?

C’est terrible parce que c’est l’histoire d’une redécouverte sans fin. Cela fait des siècles qu’il y a des périodes où l’on redécouvre les femmes artistes par exemple, et puis on les re-oublie. Selon moi, le moyen de sortir de cette spirale, c’est de passer par l’Education nationale parce que c’est l’école qui forge une culture commune. Il faut sortir des initiatives individuelles et modifier les programmes. Mais ce n’est pas gagné pour l’instant.

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